L’auteur tient à préciser que toute ressemblance entre certains personnages présentés ici et des personnes vivantes ou ayant vécu ne pourrait être que le fait d’une coïncidence. De même l’interprétation de certains événements ne relève que de la fiction romanesque. L’auteur décline toute responsabilité à cet égard et rappelle qu’il s’agit ici d’une œuvre de pure imagination.
Paul KENNY
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No 1995 Éditions Fleuve Noir.
ISBN 2-265-05457-7
ISSN 0768-178-X
CHAPITRE PREMIER
Avril
Zepp Ochovitz adorait Genève. Il n’était jusqu’à la netteté des quotidiens que lisaient les hommes d’affaires à la terrasse des cafés, qu’il n’appréciât. Ils les tenaient d’une main, tout en dévorant leurs croissants et en buvant leur café. Le papier n’était pas froissé, ni tordu, ni mutilé, ni taché et, miracle, les doigts n’étaient pas souillés par l’encre d’imprimerie. Quant aux piétons, ils circulaient sans hâte excessive, à l’opposé de leurs congénères de Rome, de Paris ou de New York City.
Genève, cité d’ordre paisible, serrée autour de son lac aux eaux agitées par les voiles blanches, aux myriades de fleurs cernant les taches bleu-vert des fontaines centenaires, pouvait s’enorgueillir de ses murs médiévaux et de ses institutions sacrées, comme de ses somptueuses propriétés sur le bord de l’eau dont les guides tentaient d’estimer la valeur lorsqu’ils indiquaient à leur cargaison de touristes à qui elles appartenaient. Ici, la frivolité était à peine tolérée et le rire retenu comme s’il risquait d’entamer les agios des banques.
Zepp Ochovitz s’assit à une terrasse sur le quai du Mont Blanc et commanda un petit déjeuner, bien qu’il eût déjà sacrifié à ce rite dans sa chambre d’hôtel. Machinalement, il déplia le journal abandonné par le client précédent, consulta les manchettes et fit la moue. Rien d’inaccoutumé. Massacres en Afrique, efforts en vue d’un accord entre les deux Corée, baisse du dollar et inondations dans le Kansas et le Missouri.
Tranquillement, car il était en avance pour le rendez-vous, il grignota ses croissants et but son café. Quand il eut fini, il contempla les joggeurs et les files de passants sur le trottoir impeccablement lavé de frais. Bientôt, il aperçut Valeri Borissov qui obliquait vers l’établissement. Cérémonieusement, il se leva pour l’accueillir. Il savait que l’astronome était sensible aux attentions, tant il était bouffi d’orgueil sur ses capacités.
Souriant avec chaleur, il évita que son regard ne s’appesantisse sur le visage blanc aux traits mous, aux poches sous les yeux délavés, soulignés par des paupières lourdes et injectées de sang.
— Cher ami, que puis-je vous offrir ? s’enquit-il en se rasseyant, imité par l’arrivant.
— Une double vodka. Le temps est plutôt frisquet, sans oublier ce vent froid qui souffle du lac.
Ochovitz claqua des doigts à l’intention du garçon et commanda une double vodka et un expresso. Intérieurement, il s’étonnait que le Russe se montrât si frileux. À Genève, il faisait quand même moins froid qu’à Moscou. Lorsque les boissons furent apportées, Ochovitz se pencha en avant en plongeant son regard dans celui un peu vacillant de son vis-à-vis. Au cours de ses jeunes années, et avant d’être radié du Barreau de Phoenix en Arizona, il avait eu la même attitude quand il interrogeait un témoin convoqué par le district attorney.
— Vous avez réfléchi ?
Borissov tourna la tête en direction du lac.
— La réponse est non, fit-il avec effort.
Ochovitz étouffa un petit rire.
— Vous voilà devenu bien scrupuleux, goloub tchik(1). Pourtant, votre dossier ne révèle pas chez vous des cas de conscience douloureux, des principes rigides, un code de l’honneur austère et exigeant, mais bien plutôt une morale relâchée et une éthique qui laisse à désirer.
Le Russe haussa les épaules.
— Ce n’est pas une question de déontologie mais de survie.
— Survie ?
— Votre projet est dangereux.
— Il l’est, concéda l’Américain. Mais qu’avez-vous à perdre ?
— J’ai une femme et trois enfants à Moscou.
— Dont vous assurez à peine la subsistance, contra Ochovitz. Vos ressources, vous les dilapidez entre les cuisses des filles superbes qu’offre Tania Cherotova dans son bordel du boulevard Kalinine.
L’astronome n’avait pas la langue dans sa poche :
— Ma vie privée ne vous concerne pas. C’est vous qui m’avez approché. Allez donc vous faire voir, si ma réponse ne vous satisfait pas.
Il fit mine de se lever après avoir vidé sa double vodka. Ochovitz posa une main apaisante sur son avant-bras.
— Ne vous énervez pas. Je ne critique pas, j’analyse. J’ai une meilleure offre à vous proposer.
— Laquelle ? questionna le Russe, radouci.
— Trois cent cinquante mille dollars au lieu de deux cent cinquante mille. Avec cet argent, vous pourriez vivre tranquille à l’étranger. Ici à Genève, vous pourriez le placer et, à l’heure actuelle, il vous rapporterait sur un compte bloqué à cinq ans environ treize pour cent, soit quarante-cinq mille cinq cents dollars par an. De quoi vous divertir entre les bras des plus jolies hétaïres de la Terre, en Suisse ou ailleurs. Je conseillerais plutôt ailleurs. Depuis que Calvin s’est installé ici au XVIe siècle, la cité n’est pas réputée pour offrir des plaisirs haut de gamme comme ceux que vous affectionnez. Par exemple, je suis persuadé que les Thaïlandaises recueilleraient plus vos faveurs.
Borissov fit signe au garçon.
— Une double vodka.
Ochovitz se rasséréna. L’astronome était accroché.
— Je n’ai besoin que de votre acceptation verbale. Rien d’écrit. Pas de contrat. Dans les quarante-huit heures, la somme vous est versée sur un compte numéroté dans un établissement bancaire des plus discrets, comme il sied à la Confédération helvétique, à moins que vous ne préfériez un paradis fiscal dans les Caraïbes. Au choix. Naturellement, si vous ne teniez pas votre part du marché, vous le regretteriez.
— Vous n’exigez pas de garanties ?
— Notre garantie, c’est votre vie. Vous la perdriez si vous tentiez de nous doubler. Où que vous soyez, chez Tania Cherotova ou dans un bordel de Bangkok, au coin d’une rue chaude ou dans la baignoire de votre chambre d’hôtel dans un palace des Caraïbes. Nous frappons n’importe où.
Borissov frissonna et tendit la main vers la vodka qu’on lui apportait.
— Justement, quelque chose me gêne.
— Quoi donc ? pressa Ochovitz.
— L’organisation pour laquelle vous travaillez. De quoi s’agit-il ?
Avec des gestes onctueux, Ochovitz alluma une cigarette, aspira une longue bouffée qu’il rejeta à travers les narines.
— Soyez assuré, goloubtchik, qu’il ne s’agit nullement de la Mafia sicilienne, de la Cosa Nostra américaine, de la Ndrangheta calabraise ou de la Camorra napolitaine. Nous ne sommes pas des gangsters. Le nom de l’organisation qui m’a chargé de vous faire cette proposition ne vous dirait rien pour la simple raison qu’il n’existe pas. Nous ne figurons dans aucun registre du commerce ou ni sur la liste des sociétés les plus riches du monde, bien que nous disposions de fonds gigantesques. Si vous voulez absolument une dénomination, acceptez celle-ci : un gouvernement en exil.
Borissov manqua s’étrangler.
— Un gouvernement en exil ? répéta-t-il, abasourdi.
Ochovitz eut un sourire indulgent.
— Je ne vois pas de meilleure définition.
L’astronome coula un regard en direction du quai et, à son tour, admira la propreté du trottoir, des véhicules, des bus et des passants. Quel changement quand on venait de Moscou. Ochovitz attendait patiemment. Il savait que le dénouement était proche. Borissov vida son verre.
Le Vieux tenait la grande forme. Francis Coplan et le commissaire divisionnaire Tourain s’en aperçurent immédiatement. Quand il était au mieux de ses possibilités physiques et intellectuelles, il portait l’uniforme. À l’inverse, c’était un costume civil. La tenue d’été était impeccablement repassée et les plis en fil de rasoir encadraient les décorations françaises à gauche et, à droite, les décorations étrangères et le brevet métallique de parachutiste. Les trois étoiles sur les épaulettes noires brillaient comme si leur éclat cherchait à accrocher les rayons de soleil en provenance du boulevard Mortier.
— Notre ami Tourain sait déjà pourquoi nous sommes réunis aujourd’hui, commença de sa voix bien posée le patron des Services spéciaux français. En voici la raison. Un astronome du nom de Romain Legall a été poignardé de nuit à son domicile, à quelques pas de son observatoire doté d’un télescope géant, un Spacewatch de 91 centimètres de diamètre. Lieu de l’assassinat, la pointe du Grouin près de Cancale en Bretagne.
Coplan alluma une Gitane, intrigué. Un astronome ? Cela était nouveau. Où voulait en venir le Vieux puisque la Bretagne ne figurait pas dans la juridiction de la D.G.S.E. ?
— Rien de crapuleux dans ce meurtre, poursuivit le Vieux. Le tueur a frappé et s’en est allé sans rien déranger ou dérober. Travail proprement exécuté, sans bavures. Pas de carnage. Un simple coup de poignard sous l’omoplate gauche et Legall est mort sur le coup. Pas d’empreintes digitales inconnues dans la demeure, a indiqué la Brigade Criminelle du S.R.P.J. de Rennes. Plus que probablement, la victime connaissait son assassin et lui a ouvert la porte.
— Un crime passionnel ? proposa Coplan qui commençait à s’ennuyer.
— Romain Legall était célibataire, intervint Tourain, et il menait une vie calme et tranquille, entièrement consacrée à l’astronomie. Une gouvernante prenait soin de lui. Elle est hors de cause.
— Nous soupçonnons un autre mobile, reprit le Vieux. Legall aurait pu mettre le doigt sur une découverte importante dans le ciel permettant à la science française d’effectuer un bond en avant. Cette découverte aurait gêné des intérêts privés. En tout cas, c’est la thèse retenue par le C.N.R.S. et le ministère, d’où la raison de votre présence dans ce bureau, mon cher Coplan.
— L’affaire est du ressort de la D.S.T., protesta ce dernier en se tournant vers Tourain.
Le Vieux agita la main.
— Ce n’est pas tout. Une semaine plus tôt, un premier astronome français, Vincent Delarue, a disparu aux Maldives à bord de son Beechcraft Kingair 90, précédant ainsi de trois jours la mort d’un astronome américain du nom de Duff Wilson. Ce dernier a été assassiné à Jaffna, sur l’île de Ceylan.
Coplan comprit alors pourquoi le Vieux l’avait convoqué.
— Vous soupçonnez une affaire aux ramifications internationales ?
— Pas impossible. C’est aussi l’attitude du ministère et du C.N.R.S.
— C’est aussi la mienne, intercala Tourain.
Le Vieux tendit à Coplan trois chemises cartonnées.
— Les dossiers. Pas grand-chose en ce qui concerne Vincent Delarue et Duff Wilson.
Coplan s’adressa à Tourain :
— Pour commencer, j’imagine que vous êtes d’accord pour que nous allions nous promener à la pointe du Grouin ?
— Tout à fait d’accord, acquiesça l’homme de la D.S.T.
— Faites-vous accompagner par Poitevin, le délégué du C.N.R.S., et n’oubliez pas de rencontrer le patron de la Criminelle, le commissaire principal Martineau. Inutile de froisser les susceptibilités, recommanda le Vieux.
— Rendez-vous ici demain, conclut Tourain en se levant.
Durant le reste de la journée, Coplan se consacra à l’étude des dossiers remis par le Vieux. Comme ce dernier l’avait souligné, leur contenu était mince. Certes, la coïncidence était troublante. Trois morts d’astronomes en un délai aussi rapide donnaient à réfléchir. Néanmoins, elles avaient eu lieu dans trois endroits différents du monde. Alors, fallait-il croire à une affaire aux dimensions internationales ou, plus logiquement, se fonder sur la loi des séries ? D’autant que rien n’indiquait que la disparition aux Maldives de Vincent Delarue aux commandes de son Beechcraft Kingair 90 fût due à quelque chose d’autre qu’un simple accident aérien.
Malgré tout, Coplan étudia les dossiers des trois hommes qui tous avaient dépassé la cinquantaine. Avant de s’attacher à leur personnalité, il remarqua qu’ils n’exerçaient aucune autre activité que celle d’astronome. En réalité, ils vivaient de leurs ressources personnelles auxquelles s’ajoutaient les subsides versés par des organismes d’État ou privés : le C.N.R.S. pour Romain Legall et Vincent Delarue, l’University of California at Los Angeles pour l’Américain Duff Wilson.
Professionnellement, ils étaient reconnus par leurs pairs comme hautement qualifiés. Leur tâche consistait à ausculter le firmament quasiment en permanence et à noter les anomalies et les dangers qui surgissaient quotidiennement, certains bénins, d’autres très importants pour la conquête spatiale. Le hasard n’avait pas présidé au choix de l’emplacement où ils avaient installé leur poste d’observation. La pointe du Grouin, les Maldives, Ceylan constituaient des endroits rêvés pour qui souhaitait scruter le ciel. Ces points sur la Terre bénéficiaient dans l’exosphère d’une sorte de tunnel donnant accès directement au ciel le plus large.
Leurs observations donnaient lieu à des rapports qu’ils communiquaient à leur bailleur de fonds.
Dans le dossier, Romain Legall était qualifié d’homme doux et paisible, un rêveur qui avait consacré sa vie à la contemplation du ciel. On ne lui connaissait aucune liaison sentimentale. Quant à Vincent Delarue, il était marié, et Duff Wilson vivait avec une jolie Sri Lankaise qu’il avait envisagé d’épouser.
La personnalité de ces deux derniers était moins connue, certainement parce que la Brigade Criminelle n’avait pas eu le loisir d’enquêter sur leur compte.
Le lendemain, Coplan arriva à la pointe du Grouin en compagnie de Tourain, de Poitevin, délégué du C.N.R.S., et du commissaire principal Martineau du S.R.P.J. de Rennes.
— L’arme du crime n’a pas été retrouvée, monologuait celui-ci. Travail exécuté de sang-froid. Un seul coup porté sous l’omoplate gauche. C’était un samedi soir et le parking de l’hôtel-café-restaurant était fort encombré. L’assassin a eu toute facilité pour s’esquiver sans être remarqué. D’ailleurs, nous n’avons retrouvé aucun témoin, pas plus que nous n’avons pu mettre la main sur des empreintes digitales n’appartenant pas à la victime ou à ses familiers.
— Ses familiers ? releva Coplan.
— J’aurais dû utiliser ce terme au singulier, rectifia le policier. En réalité, une seule personne avait l’habitude de pénétrer dans les lieux. Armelle Cloarec, sa gouvernante. Elle vit à Cancale.
Pendant qu’il visitait les lieux du crime, Coplan interrogea le représentant du C.N.R.S. :
— Vous avez examiné ses notes ?
— Je les ai passées au peigne fin. Rien d’extraordinaire.
Coplan se tourna vers le policier :
— Les papiers personnels ?
— Quasiment rien. La correspondance de la victime se limitait à des sujets professionnels. Romain Legall était l’homme d’une seule passion, l’astronomie. De ce que nous savons et de ce que nous a affirmé Armelle Cloarec, il n’avait pas d’autre corde à son arc.
Néanmoins, Coplan se pencha sur cette correspondance privée mais n’en tira rien, pas plus que de la correspondance professionnelle. Tourain l’assistait, sous l’œil maussade du commissaire principal Martineau, agacé que la D.S.T. et la D.G.S.E. empiètent sur son territoire. Quant à Poitevin, il se cantonnait dans l’observatoire, installé respectueusement devant le télescope géant, le Spacewatch au diamètre de 91 centimètres.
Coplan fit convoquer la gouvernante par Martineau. Celle-ci arriva de Cancale au volant d’une petite Honda rouge. C’était une grande femme au visage austère, aux yeux gris typiquement bretons, au chignon relevé sur le haut de la tête et aux vêtements noirs, en signe de deuil après la mort de celui qu’elle avait servi fidèlement depuis une quinzaine d’années. Elle avait fait vite pour venir et sur ses mains traînaient encore quelques fines écailles d’huîtres qu’elle était en train d’ouvrir au moment de l’appel téléphonique.
Coplan et Tourain l’interrogèrent avec bienveillance, un peu comme si elle était la veuve, ce que probablement elle se considérait, même si entre elle et le défunt n’avait jamais existé de lien sentimental et qu’elle fut sept fois grand-mère. Visiblement, elle était encore bouleversée par la tragédie et les larmes mouillaient sa voix.
— Vous l’avez servi durant presque quinze ans, résuma Tourain, vous connaissiez toutes ses relations. Parmi elles, en aurait-il une qui vous semblerait suspecte ?
— Je l’ai déjà dit au commissaire principal Martineau. M. Legall ne fréquentait personne. En revanche, il écrivait beaucoup, mais toujours à ses correspondants professionnels.
— Pourtant, la police pense que, la nuit du meurtre, il a ouvert sa porte à un familier.
— Je ne vois vraiment pas qui ce pourrait être.
Coplan prit le relais :
— Vous qui le connaissiez bien après toutes ces années, avez-vous remarqué un changement de comportement dans son attitude, dans ses habitudes ?
Elle secoua la tête.
— Non.
Dépité, Coplan s’apprêtait à mettre fin à l’entretien lorsque, brusquement, Armelle Cloarec leva une main hésitante.
— Attendez, il y a peut-être quelque chose.
Coplan et Tourain tendirent l’oreille.
— Le voyage à Porto Rico, déclara-t-elle, les yeux soudain plus vifs. Voici deux mois. Il faut vous dire que M. Legall détestait voyager. Il était du genre casanier. En outre, il éprouvait une peur bleue de l’avion depuis que les terroristes du Moyen-Orient placent des explosifs dans les soutes à bagages. Et, soudain, il décide d’aller à Porto Rico où il était invité. J’en étais estomaquée. Malgré mon insistance, il a refusé de m’en dire plus mais paraissait gêné. Il est resté là-bas près de trois semaines.
— Qui l’avait invité ? voulut savoir Coplan.
— Je l’ignore.
— Comment était-il à son retour ? questionna Tourain.
— Très triste. Il mangeait du bout des lèvres.
— Un chagrin d’amour ?
— Ce n’était pas le genre. Plutôt une déception professionnelle.
— Il a été prolixe à ce sujet ?
— Non. Complètement silencieux. Pas un mot sur son séjour à Porto Rico.